LES JUSTES DE MULHOUSE
Dans une négociation de haute lutte, rapportée par le livre biblique de la Genèse au chapitre 18, le Seigneur et Abraham s’affrontent au sujet de la destruction de la pentapole, dont Sodome et Gomorrhe sont les cités principales. En effet cette menace concerne les cinq villes, Sodome, Gomorrhe, Adma, Tseboïm et Tsoar.
Après une longue tractation, Abraham propose enfin au Seigneur un dernier pari : Celui d’épargner la pentapole s’il y trouve dix justes. Le Seigneur répond, « Je ne la détruirai point, à cause de ces dix justes ».
Dans la tradition juive, le terme de « Juste » désigne parmi les Nations ceux qui sauvent la vie des juifs. Cette notion religieuse prend un caractère juridique et mémoriel en 1953 avec la fondation, à Yad Vashem, d’un mémorial consacré aux martyrs et aux héros.
L’un de nos pères fondateurs le Pasteur André Morel, a été reconnu « Juste » parmi les Nations le 25/09/1990, par le comité de Yad Vashem. C’est la plus haute distinction civile de l’État d’Israël. André Morel a été le premier président de l’association l’Amitié Judéo- chrétienne de Mulhouse(A.J.C.M.).
Membre de la CIMADE, une organisation protestante de secours, ses activités se focalisent au camp de Gurs, dans les Pyrénées-Atlantiques entre 1941 et 1942. Il participe à l’amélioration des conditions de vie des détenus, fournit aux prisonniers juifs de faux certificats de baptême et participe à plusieurs opérations de sauvetage.
Transféré au Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) en 1943 et 1944, la CIMADE le charge de s’occuper de faire passer clandestinement des juifs en Suisse. En liaison avec l’association juive de l’Organisation de Secours aux Enfants (OSE), il a pour tâche de trouver des paysans prêts à cacher des juifs.
AndréChouraqui, avocat, écrivain, homme politique connu pour sa traduction de la Bible,qui représente pendant cette périodecetteorganisation,évoquaaprèsguerrelesactivitésdupasteur.
Arrêté pour avoir fait passer clandestinement des juifs en Suisse, André Morel est condamné à une amende de 4000 Francs de l’époque, somme qu’il était incapable de réunir.
Ce fut autour d’André Chouraqui et l’organisation de l’O.S.E. de lui venir en aide.
L’action et l’implication d’André Morel dans ce domaine, est pour nous un exemple d’engagement et de responsabilité.
L’UNIVERSALITE DES « JUSTES »
Parmi les 78 justes venus d’Alsace, recensés par l’exposition crée par le Fonds Social Juif Unifié (FSJU) de la région Grand Est, certains sont nés ou ont résidé à Mulhouse juste avant la guerre de 1939 à 1945.
C’est l’un des critères choisis par les organisateurs, pour inscrire leurs noms dans cette exposition et souligner leur acte de bravoure, reconnu Justes parmi les Nations par l’État d’Israël.
L’Amitié Judéo-chrétienne de Mulhouse tient à honorer leur mémoire et milite pour leur reconnaissance par les autorités politiques, religieuses, et par tous les Mulhousiens, dans notre cité.
Les « justes » sont de partout, de tous les milieux sociaux, de toutes les religions. C’est l’universalité de ce phénomène.
La tradition juive est en ce domaine précurseur, un modèle pour l’humanité, en reconnaissant ces actes humains de façon juridique et mémoriel, en leur donnant une visibilité mondiale.
Mais le « juste » ne concerne pas seulement et exclusivement le sauvetage des juifs. Le « Juste » c’est la femme ou l’homme qui sauve une vie humaine au péril de la sienne, en reconnaissant en l’autre, un humain.